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La paréidolie en général et dans l’art

 

Une paréidolie (aussi écrit pareidolie, du grec ancien para-, « à côté de », et eidôlon, diminutif d’eidos, « apparence, forme ») est une sorte d’illusion d’optique qui consiste à associer un stimulus visuel informe et ambigu à un élément clair et identifiable, souvent une forme humaine ou animale. C'est cette étonnante capacité du cerveau humain à « donner du sens » là où il n'y en a pas réellement, et dont les mécanismes cognitifs sont encore mal connus.

 

Plus généralement, la paréidolie permet de saisir que toute perception est construction : c’est le sujet qui donne du sens à ces stimulis perceptifs. Les exemples dans la vie courante sont légions : formes familières dans les nuages, tableaux de peinture et objets divers, sols, etc... Il arrive ainsi que des personnes puisse observer dans leur environnement des formes qui leur paraissent signifiantes. Ce phénomène est fréquent également dans les photographies.

 

C’est un type d’illusion qui fait qu’un stimulus vague ou ambigu est perçu comme clair et distinct par un individu. Autrement dit, une tendance instinctive à trouver des formes familières dans des images désordonnées. Faculté héritée de notre évolution : pour optimiser nos chances de survie, notre cerveau structure son environnement en permanence : proie, prédateur, congénère… Quitte à transformer les informations transmises par l’œil. Mais à la différence des illusions d’optique classiques, qui découlent de lois de la perception communes à tous, chacun peut ici, par exemple sur une toile abstraite, voir une chose différente. Ainsi, certains verront dans telle tache de couleur un visage, d’autres caché dans une montagne un loup, etc., et pour le côté sombre, voir toutes sortes d’images dans des objets inanimés comme des toiles de peinture, de fantômes, de démons, etc...

 

 

Des visions révélatrices :

 

Les spécialistes affirment que notre perception est en réalité altérée par nos propres attentes et prédispositions. C’est notamment le cas lorsque nous repérons mal les fautes dans un texte, surtout si on en est l’auteur : notre cerveau ne lit pas chaque lettre mais s’attend à trouver tel ou tel mot. “On devine plus qu’on ne voit ”, explique John Kevin O’Regan, directeur du laboratoire « Psychologie de la perception » (Paris). Il paraît vraisemblable que l'esprit fasse des associations avec des formes, des lignes, des ombres, etc., et que ces associations prennent racine dans des désirs, des intérêts

D'ailleurs, c'est bien la paréidolie qui est utilisée par le célèbre test de Rorschach, où un patient dit ce qu’il voit dans des taches d’encre. Ses réponses éclairent ainsi le thérapeute sur divers aspects de sa personnalité et de son état d’esprit.

En outre, le cerveau humain est prédisposé à reconnaître un visage. Jean-Luc Roulin, maître de conférence à l’université de Savoie, souligne, dans son ouvrage : « Psychologie cognitive », que nous disposons d’une représentation prototypique du visage de l’espèce, sans doute grâce à une “prédisposition génétique”. Il s’agirait donc d’un caractère privilégié par la sélection naturelle, car les soins apportés à un bébé sont meilleurs s’il reconnaît ses congénères et se manifeste auprès d’eux.